L’exemple de McDonald’s et de son burger vegan développé par Beyond Meat permet de mieux comprendre l’ampleur du phénomène des protéines végétales. Enjeux : transformer les produits alimentaires, et notamment la viande, pour s’adapter aux tendances de consommation émergentes, mais aussi apporter des solutions durables pour l’environnement lorsqu’il faudra nourrir plus de 9 milliards d’individus en 2050.
Comme l’illustrent les opérations de ces derniers mois, le business de la protéine végétale a drivé de nombreuses transactions durant ces derniers mois et bouleverse durablement le secteur de la production de viande… et ce n’est sûrement pas fini comme le détaille le dernier rapport M&A Worldwide.
Les principaux acteurs du secteur alimentaire s’accordent tous sur les points suivants :
La popularité croissante des substituts à la viande est l’un des développements les plus marquants de l’industrie alimentaire. Sous l’impulsion de la demande croissante des consommateurs, les lancements de nouveaux produits et les innovations accélèrent la croissance du marché international.
Si à l’heure actuelle les substituts de viande représentent encore une niche, le marché international se développe rapidement. Globalement, les ventes de substituts de viande vont décupler et monter en flèche à 140 milliards USD au cours des 10 prochaines années, selon la banque d’affaires Barclays. Cette révolution va provoquer des mutations de la chaîne de valeur, avec un impact sur les acteurs du marché existants qui doivent se repositionner stratégiquement pour défendre leurs positions.
En plus des enjeux auxquels l’industrie de la viande est confrontée en raison de l’évolution des modes de consommation, AT Kearney1 identifie 3 autres défis majeurs :
L’industrie de la viande a vu de nouveaux entrants gagner des parts de marché, en se positionnant sur 3 principales tendances de développement de produits :
Les substituts de viande à base de plantes, par exemple les hamburgers à base de soja, gagnent rapidement des parts de marché : le cabinet d’études sectorielles BIS a estimé dans un récent rapport que le marché américain des protéines d’origine végétale atteindrait 480 milliards de dollars d’ici 2024, avec une croissance annuelle moyenne de 13,8% de 2019 à 20243.
Deloitte attribue cette montée en puissance aux nouvelles préoccupations des consommateurs : santé, bien-être, environnement et bien-être animal. Il a été calculé que la production de substituts de viande à base de plantes génère des émissions 10 fois plus faibles que celles provoquées par la production de viande traditionnelle. De nouvelles innovations en matière de goût, d’aspect, de texture et de variété devraient contribuer à accentuer cet essor.
L’utilisation de protéines à base d’insectes affiche des résultats très positifs en termes de transition protéique et énergétique, notamment en raison de la possibilité d’une agriculture d’intérieur industrialisée. Selon plusieurs scientifiques, les insectes sont même la nourriture du futur ! Les substituts de viande à base d’insectes pâtissent encore de leur image, le véritable potentiel de ces aliments semble plutôt résider dans l’alimentation du bétail.
Cette troisième catégorie de substituts à la viande traditionnelle est produite en prélevant des cellules musculaires d’animaux vivants et en les faisant se multiplier dans de gros incubateurs, grâce à des hormones, des acides aminés, etc. Pour éviter les souffrances animales, la start-up néerlandaise Meatable a développé une solution pour extraire les cellules en question du cordon ombilical. Ce type de viande est annoncé dans les rayons des supermarchés d’ici trois ans. Innocent Foods en Allemagne (viande hachée de laboratoire), Higher Steaks (Royaume-Uni), SuperMeat et FM Technologies (ces deux dernières à la fois en Israël et sur le poulet de laboratoire) proposent d’autres exemples de viande cultivée en laboratoire.
Si au cours des dernières années de nombreuses jeunes entreprises ont vu le jour sur ces marchés, les sociétés implantées se révèlent capables de faire face à l’évolution de la demande des consommateurs :
Liées aux matières premières
Liées à l’innovation
Liées aux consommateurs
La production de protéine de pois jaunes développée par Roquette sous l’égide de Nutralys promet une protéine sans allergènes, sans gluten, sans OGM et qui fournit aux consommateurs un taux de protéines identique à celui de la viande. De plus, pour les producteurs, la culture des pois jaunes nécessite 40 fois moins d’eau que le blé, et aucun engrais à base de soufre. Cette variété de pois a également la faculté de capturer le SO² présent dans l’air pour le diffuser dans le sol. C’est en s’appuyant sur ce constat que Roquette a investi 500 millions d’euros durant ces 5 dernières années pour construire deux nouvelles usines à Winnipeg au Canada et à Vic-sur-Aisne en France. Sur l’année passée, Nestlé a travaillé sur 70 produits innovants dont la liste des ingrédients inclut le pois jaune.
Depuis quelques années, le nombre de transactions dans le secteur agroalimentaire tend à augmenter. Tout au long de la chaîne de valeur, nous observons des acquisitions impulsées par la volonté des entreprises de trouver de nouvelles sources de revenus pour protéger leur part de marché et accélérer l’innovation.
Le financement pour des alternatives végétales à la viande à base de plantes s’est élevé à plus de 900 millions de dollars en 2018.
En l’absence de gros volumes, la viande de culture reste relativement chère. En outre, les entreprises qui transforment la viande cultivée en produits finis dépendent largement d’une poignée de fournisseurs pour leur approvisionnement en matières premières et en ingrédients. Dans de nombreux cas, ces ingrédients ne sont pas encore disponibles en grande quantité. Nous nous attendons à une évolution vers une plus grande capacité de production tirée par les nouvelles technologies et le capital disponible, car la construction de grands bioréacteurs et / ou les campagnes de mise sur le marché nécessitent de lourds investissements.
Les producteurs de viande traditionnelle devraient voir leur part du marché passer de 1 080 milliards USD en 2025 à 720 milliards de dollars en 2040, et la proportion de viande traditionnelle devrait baisser de 90% en 2025 à 40% en 2040. Pour ne pas disparaître, les producteurs de viande traditionnelle recherchent de nouvelles sources de revenus mais toutes les entreprises ne sont pas en capacité technique ou capitalistique de développer des processus innovants.
De plus, les producteurs de viande se concentrent sur le développement de leurs propres marques et productions végétales. En Espagne, Noel Alimentaria, l’un des plus grands producteurs espagnols de viande, a lancé une gamme de produits pour la charcuterie végétarienne, tandis que le producteur catalan Vall Companys, a créé Zyrcular Foods, une entreprise spécialisée dans la production et la vente de substituts végétaux à la viande. Le producteur de volaille n ° 1 allemand PHW-Group est devenu le partenaire commercial exclusif en Allemagne de Beyond Meat, a conclu un partenariat avec la start-up israélienne SuperMeat (poulet cultivé en laboratoire) et est investi dans Live Kindly (anciennement Foods United), qui vise à constituer un portefeuille de sociétés alimentaires à base de plantes.
Mais certains producteurs de viande conventionnelle tiennent bon ! Le groupe allemand Tönnies, le plus grand producteur de viande d’Allemagne avec un chiffre d’affaires annuel de 6,7 milliards d’euros, a annoncé en 2018 qu’il restera positionné sur la viande classique. Cependant en janvier 2020, sa filiale Tillman’s a lancé de la viande hachée végétalienne et des hamburgers pour une marque allemande de supermarchés…
En résumé…
Vous souhaitez en savoir plus sur cette tendance de fond ? Demandez l’étude complète M&A Worldwide à votre contact privilégié MBA Capital.
1AT Kearney : How will cultured meat and meat alternatives disrupt the agricultural and food industry?
2https://agrifoodtech.nl/
3https://www.foodbev.com/news/five-major-trends-driving-the-plant-based-food-market/
4https://volkskrant.nl/kijkverder/2018/voedselzaak/artikelen/kweekvlees-is-hard-op-weg-naar-uw-bord/
Mis à jour le 4 March 2022
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