Revenons sur la conférence de presse AFiTE/CNCEF que nous prolongerons de certaines réflexions. Le marché du M&A est actif comme l’a fait remarquer un des administrateurs pour qui « les chefs d’entreprise sont à la manœuvre ». Mais nous sommes en droit de nous demander si cette activité n’est pas en « trompe-l’œil » et de nous interroger à la fois sur les valorisations et les financements.
Lorsque l’on dit que le marché est actif, ne peut-on pas considérer qu’il est en parti dynamisé par les renégociations en cours ? On assiste en effet ces dernières semaines à de nombreuses discussions, voire à la remise en cause de dossiers en cours…
Mais concernant les nouveaux dossiers : qu’en-est-il exactement ? Une chose est certaine, les acquéreurs sont présents. Certains s’inscrivent dans une approche opportuniste étant donné le contexte, d’autres ont des besoins de croissance, sans oublier ceux ayant obtenu leur PGE.
Mais pour conclure un deal, en plus de l’acquéreur, il faut compter avec deux autres composantes majeures, sur lesquelles des interrogations existent et persistent :
On le sait, une composante importante du prix d’une entreprise est liée à ses performances d’exploitation (EBITDA et EBIT). Dès lors :
Bien entendu, certains secteurs et certaines entreprises ont à l’opposé connu un très fort développement.
Tout ceci pour dire que chaque cas d’entreprise est un cas particulier, qu’il faut être attentif, et étudier avec précision le business model de l’entreprise. Tous ces éléments vont jouer sur la valorisation : celle-ci peut décider un actionnaire à vendre ou au contraire à attendre une potentielle remontée des valorisations. Mais dans ce dernier cas, il lui faudra sans doute faire montre de patience durant quelques années…
Si le cédant ne souhaite pas trop attendre, il conviendra de trouver des montages financiers qui lui permettront de ne pas trop s’éloigner de ses attentes initiales de valorisation, et à l’acquéreur de prendre un risque raisonnable dans cet environnement compliqué. Et là est un des rôles majeurs des conseils en fusion/acquisition.
L’obtention du financement est, dans la très grande majorité des cas, une condition de réalisation des deals. Ce premier semestre a vu l’activité des centres d’affaires bancaires se décupler avec la mise en place des PGE, qui ont très souvent retardé l’avancée des autres financements concernant les dossiers en cours.
Si ce second semestre devrait redonner du temps aux chargés d’affaires pour étudier les dossiers, qu’en sera-t-il de leur appétit ? Les PGE auront gonflé leurs lignes de crédit et donc limité d’autant la mise en place de nouvelles lignes. Et surtout, quelle sera leur position quant à leur appréciation du risque, avec des bilans 2020 qui risquent d’être moins bons pour une grande partie des entreprises ? On voit d’ailleurs apparaître un nouvel indicateur de risques : l’indice de résilience.
Ce questionnement peut également être étendu aux fonds d’investissement qui eux aussi devront prendre en considération les à-coups de l’entreprise tant en termes d’activité que de rentabilité.
En conclusion, les semaines qui viennent vont vraisemblablement montrer les besoins de renfort des fonds propres et aussi, je dirais même surtout, des quasi fonds propres. Il faudra trouver de nouvelles sources de financement. C’est là encore un des rôles du conseil en fusion/acquisition.
Vincent JUGUET
MBA Capital Paris
Mis à jour le 3 March 2022
Our teams are present to answer you
To receive the latest information from MBA Capital, subscribe to the newsletter!