L’aventure du groupe Isore continue aux mains de ses cadres dirigeants

Le groupe Isore peut être qualifié de pépite dans le domaine de l’isolation. Il prolonge sa destinée aux mains de nouveaux cadres dirigeants. Mais cette trajectoire se poursuit dans la continuité et le cadre d’un processus de LMBO, les anciens dirigeants restant en outre au capital. Madame Laruaz nous raconte…

Madame Laruaz, quelle est l’historique de la société que vous venez de céder avec votre époux ?

Isore, qui ne s’appelait pas ainsi à l’origine, a été fondée par un couple en Mayenne en 1989. Partis de rien, ils ont développé une PME qui, quand nous l’avons rachetée, avait un chiffre d’affaires de 6,5 millions. J’aimerais saluer leur travail car ils avaient posé les jalons de ce qui allait devenir les fondamentaux de l’entreprise : la qualité et l’humain notamment. Ce sont ces fondamentaux qui nous ont intéressés. En 2002, mon époux Pierre y travaillait en tant qu’adjoint de direction. En 2004, nous avons racheté l’intégralité de l’entreprise, pour en faire un projet professionnel et familial.

Que dire de vos parcours avant ce rachat en 2004 ?

Nous étions tous les 2 cadres dans des groupes importants. Pierre était cadre chez Eiffage, ingénieur chef d’agence. J’étais pour ma part, gestionnaire de formation, directrice et présidente de directoire dans une filiale de Ouest-France dont la mission était de racheter des journaux et de les restructurer. A l’aube de la quarantaine, nous nous sommes interrogés sur le projet que nous pourrions mettre en œuvre pour la deuxième partie de notre carrière. Nous avons immédiatement été intéressés par cette entreprise, de par ses qualités intrinsèques et son positionnement sur un secteur d’activité que nous jugions très porteur – l’isolation par l’extérieur – une technique très développée que nous avions eu l’occasion d’apprécier en Allemagne et en Suisse.

Vous avez donc sauté le pas en devenant tous les 2 chefs d’entreprise à ce moment-là ?

Nous avons quitté Rennes et emmené toute la famille à Laval puis regardé comment irriguer cette entreprise en la façonnant à notre modèle de gouvernance, de management, de prestation au client. Dans cette optique, un voyage en Finlande a été absolument déterminant pour nous : nous y avons découvert des immeubles en bois, quasiment passifs en termes énergétiques. Nous avons voulu faire la même chose et notre nouveau siège a été le premier bâtiment à énergie positive de la région ouest en 2007, concomitamment au premier Grenelle de l’environnement. Cela nous a valu d’ailleurs une certaine couverture médiatique !

De gauche à droite : Loïc Stéfanelly, Bertrand Stérin, Martine Laruaz, Pierre Laruaz

Un projet assez audacieux…

On peut le dire. Nous n’étions qu’une petite entreprise, c’était au début de notre LBO. Mais construire ce bâtiment a en quelque sorte constitué un acte fondateur. Il nous a permis de nous positionner en tant qu’acteur du développement durable. Et puis progressivement nous avons atteint 32 millions de chiffre d’affaires avec 200 collaborateurs en privilégiant un modèle avec une satisfaction humaine, interne et externe, très élevée. C’est ce qui assure selon nous la pérennité de l’entreprise.

Et quelle trajectoire « environnementale » avez-vous ensuite suivie avec Isore ?

En 2012 nous nous sommes vraiment engagés dans une démarche durable.  Certification Iso 14 001, 18 001 pour la sécurité et toujours ISO 9001 pour la qualité. En 2018, nous avons poussé encore plus loin la démarche avec la construction de notre siège social à Angers en géothermie profonde. En 2021, nous sommes passés à la labellisation Lucie, premier label RSE français. C’est la dernière reconnaissance externe obtenue par le groupe avant que nous ne cédions. La démarche s’est donc petit à petit enrichie pour qu’Isore ait un impact positif sur ses parties prenantes au sein du territoire. C’est très important pour nous. 

On ne peut s’empêcher, en entendant la passion qui vous anime, de se poser la question du pourquoi de la vente…

Ce groupe, le groupe Isore, en plus de tout le reste, c’est vraiment une affaire d’associés. Suite à des problèmes de santé, mon mari a décidé de passer la main. Mais la condition était de transmettre Isore à des personnes qui souhaitent faire perdurer la flamme. Je ne me voyais pas continuer sans lui donc la décision de céder a été prise, et de le faire par le biais d’un dispositif qui nous permette de consolider le groupe, notamment sur le plan stratégique et évidemment sur celui des valeurs.

C’est à ce moment-là que vous en avez parlé à Patrick Sacher de MBA Capital ?

En effet, c’était début 2022. Nous connaissions déjà Patrick Sacher puisque son cabinet nous avait permis de faire l’acquisition d’une entreprise angevine en 2007/2008. Nous lui avons expliqué le contexte ainsi que nos souhaits pour le futur d’Isore. Les signaux à l’époque étaient vraiment bien orientés avec de belles perspectives. C’était donc le bon moment. L’objectif derrière l’opération consistait à pérenniser ce que nous avions créé avec les équipes, alors même que nous trouvions que de nombreuses sociétés autour de nous perdaient un peu de leur âme. Et c’est dans ce cadre-là qu’il nous a accompagnés.

Quel type de montage avez-vous imaginé ensemble ?

C’est un montage de LBO avec un fond majoritaire autour de cadres qui détiennent un pourcentage substantiel et avec nous-mêmes au capital. Nous avions anticipé cette étape en cédant une participation dans le groupe aux nouveaux dirigeants, il y a quelques années. En ce qui nous concerne, nous maintenons notre pleine confiance au projet et avons investi au capital, ce qui contribue en outre à rassurer les équipes.

Et c’est Patrick Sacher qui a contacté le fonds Jadel ?

Tout à fait. Il avait comme mission de trouver le bon partenaire, qui soit en capacité d’accepter le projet imaginé. Nous avons eu plusieurs lettres d’intention au final et c’est Jadel qui a été choisi. Il fallait une société qui accepte l’idée qu’il y ait un deuxième tour pour prendre ensuite la majorité. Je crois que le slogan de Jadel c’est « investisseur en capital patience », alors cela correspondait bien au projet !

Qu’est-ce que vous pourriez faire passer comme message à d’autres entrepreneurs en passe ou en train de céder leur société ?

En tant que cédant, je pense que l’on n’est jamais assez préparé, surtout à l’après. Et ensuite, c’est un grand vide auquel il faut s’attendre. Je pense qu’il faut le conscientiser du mieux possible. En fait il s’agit de se préparer soi, en même temps qu’il faut préparer l’entreprise qui va être cédée. Le deuxième aspect sur lequel j’insisterais est plus technique et concerne la garantie actif/passif. C’est un moment que j’ai trouvé compliqué, et cela aussi ça s’organise en anticipant suffisamment pour avoir la connaissance fine de tous ces éléments. 

Quelle a été votre plus grande fierté d’entrepreneurs dans tout ce parcours ?

Je pense que c’est d’avoir réussi à redresser la barre après un passage à vide que l’entreprise a connu en 2020. Nous avons réussi à redresser l’entreprise en donnant du sens. Nous avons augmenté les salaires sur le terrain, diminué les frais de structure et la RSE est devenue le troisième pilier stratégique. Ces décisions fortes ont marqué le début d’une nouvelle ère. En termes de stratégie, de communication, de management. Au cours d’un voyage en Californie nous avions été un peu secoués par la façon dont les choses se passaient dans le monde des start-ups. C’est tout cela qui a permis de repositionner l’entreprise, son management, ses collaborateurs et la mettre dans de bonnes dispositions pour la suite, avec un turn-over qui a drastiquement chuté. La labellisation Lucie est l’aboutissement de tout ce parcours puisqu’elle couronne une entreprise à forte empreinte RSE, avec un bon taux de satisfaction des clients et des collaborateurs.

Pour le mot de la fin, comment jugez-vous l’accompagnement de MBA Capital Rennes et de Patrick Sacher sur la cession que vous venez d’opérer ?

Il a démontré une très bonne compréhension de nos objectifs extra-financiers en étant en mesure de prendre en compte la globalité du projet et des enjeux. Il a su lire entre les lignes en quelque sorte pour bien comprendre que notre projet ne concernait pas que des chiffres… mais de l’humain et des valeurs avant tout !

Mis à jour le 23 juin 2023

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