Après la vente, une transition en mouvement

Céder… et après ?
Parcours de dirigeants post-cession

Vendre son entreprise, c’est souvent tourner une page. Mais parfois, cette page s’écrit différemment de ce qu’on avait imaginé. Christophe Godart – fondateur de D&G MENUISERIE en 2008 avec son épouse – a cédé l’entreprise en 2022, à l’âge de 52 ans. Pourtant, il est encore là. Entre accompagnement prolongé, transformation de son rôle, création d’une société de conseil et transmission à des cadres internes, son parcours illustre à quel point l’après-cession peut prendre des formes inattendues et enrichissantes, à condition de rester souple.

Dirigeants D&G MENUISERIE

Pourquoi avez-vous décidé de céder D&G MENUISERIE à 52 ans ?

Je suis quelqu’un d’optimiste, mais j’ai traversé un délicat problème de santé qui m’a amené à réfléchir à l’avenir de l’entreprise. J’ai alors contacté Dominique GozlanMBA Capital Mulhouse – pour obtenir une estimation de ma société. Je ne voulais pas que mes salariés soient laissés sans solution si je devais m’arrêter brutalement.
Je pensais réaliser une démarche exploratoire avec MBA Capital mais la valorisation chiffrée m’a étonné, en bien. Cela a été un déclic qui est, par ailleurs, venu réveiller un projet de reconversion que j’avais en tête depuis un certain temps.

Quel est ce projet rêvé ?

J’avais l’idée de devenir marchand de biens, dans le secteur immobilier. Une fois la cession de D&G MENUISERIE signée, j’ai créé une nouvelle entreprise dans ce domaine. Et c’est un projet qui cohabite aujourd’hui avec mes engagements qui perdurent dans le groupe de mon repreneur.

C’est-à-dire ? Comment était structuré votre accompagnement post-cession ?

Le contrat prévoyait deux années : une première à temps plein pour assurer la transmission, notamment avec les clients, et une seconde à mi-temps. Mais dès la fin de la première année, manquant de disponibilité pour endosser un nouveau rôle, le repreneur m’a également proposé de rester à plein temps pour la seconde, afin d’assurer une continuité encore plus fluide dans la reprise opérationnelle. J’ai donc accepté de prolonger mon implication.

Et ensuite, le scénario a de nouveau évolué…

Oui. À l’issue de l’accompagnement, nous avons convenu ensemble qu’une transmission interne serait finalement une belle continuité. Nous étions en parfaite entente sur le principe. L’idée étant que quatre cadres-dirigeants de D&G MENUISERIE prennent la relève. Ce sont des salariés impliqués, compétents, qui connaissent la maison. Je me suis engagé à les former et les accompagner. C’est ce que je fais depuis 2024, et ça donne beaucoup de sens à mon action.

À quel titre êtes-vous donc désormais présent dans l’entreprise ?

Je ne suis pas salarié, ni associé, je suis gérant. J’ai créé ma société de conseil pour garder mon indépendance et je facture mon intervention. Je reste très impliqué puisque je gère les projets, je suis en lien direct avec les clients, je continue de piloter l’activité. Je dis souvent en riant : « Rien ne se signe sans moi… en attendant la relève ! »

Votre périmètre a même dépassé D&G Menuiserie, non ?

Exactement. En novembre 2024, j’ai accepté de devenir directeur d’exploitation pour l’ensemble du groupe de mon repreneur, le temps de structurer certaines entités en recherche d’équilibre. C’est une mission temporaire, mais qui permet de modéliser à plus grande échelle. La vente de l’entreprise, au final, n’a pas marqué une pause, mais une autre forme d’engagement, élargie à l’échelle du groupe.

Comment vivez-vous la prochaine reprise par vos cadres-dirigeants ?

Parfaitement bien, mon objectif est qu’ils puissent prendre la suite dans deux ans. En attendant, je leur transmets ce que je sais faire, en particulier le sens du service client, qui est au cœur de notre réussite. C’est stimulant et gratifiant. J’aurais fait le maximum pour la pérennité de l’entreprise que j’ai créée il y a 17 ans. Je sais que l’assise financière est bonne et que les indicateurs sont au vert pour que cette transmission se passe pour le mieux.

Vous paraissez très attaché à vos équipes ?

J’ai formé les 21 salariés au fil des ans, sans jamais vivre de démission. Nous avons bâti quelque chose de fort ensemble. L’entreprise est un peu comme une famille. Nous fêtons les anniversaires, partons en randonnées… Il y a une vraie vie collective en dehors du travail. Et c’est en grande partie pour cette dimension affective que je ne pouvais pas tourner les talons sans savoir que la pérennité de D&G MENUISERIE était assurée. Il fallait une continuité forte.

Que vous ont appris ces années post-cession ?

Que l’autoroute n’est pas toute tracée et que le facteur humain, avec sa part d’insondable et d’imprévisible, nécessite de s’adapter. Je me suis rendu compte qu’il fallait savoir faire un pas de côté, prendre le temps, et reconstruire une trajectoire, parfois en y incluant d’autres personnes. Cela demande de la souplesse mais pour la bonne cause et la tranquillité d’esprit, cela en vaut la peine !

Avez-vous une anecdote qui illustre ce vécu ?

Le jour de la signature chez le notaire, j’ai offert au repreneur une grande clé avec le logo de D&G Menuiserie. Je lui ai dit : « Je te remets les clés du paquebot. » Cette clé est toujours au-dessus de son bureau. Symboliquement, c’est lui le capitaine. Dans les faits, je reste très présent à la barre, pour accompagner une reprise en douceur. Ce n’est pas ce que j’imaginais en 2022, mais c’est un équilibre qui fonctionne.

Avec du recul, quel conseil donneriez-vous à un dirigeant qui envisage de céder ?

Il faut avoir un projet pour soi. Même si vous touchez une somme d’argent qui vous permet de lever le pied, il est essentiel de garder une activité, un centre d’intérêt. On ne passe pas d’une vie d’entrepreneur à zéro activité du jour au lendemain.

Avancez-vous sur votre projet dans l’immobilier ?

Oui, bien sûr. Dès que j’ai un peu de temps, je travaille dessus : je me renseigne, je démarche, je pose les bases. C’est une deuxième vie professionnelle qui prend forme doucement, en parallèle, et qui s’ouvrira un jour pleinement à moi.

Un dernier mot sur votre collaboration avec MBA Capital Mulhouse ?

C’est une expérience très positive. Dominique Gozlan m’a accompagné avec justesse et efficacité. Il connaît mon tempérament direct, et ça a très bien fonctionné entre nous. MBA Capital a été un vrai soutien pour structurer la vente de D&G Menuiserie.

Mis à jour le 20 juin 2025

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