Céder une entreprise est un moment charnière dans la vie d’un dirigeant. Entre choix du repreneur, préservation des valeurs et gestion du processus de vente, chaque étape requiert une approche structurée et experte. Pour Eric Sirvin, ancien dirigeant des entreprises NOGENT*** et GUILLOUARD, cette transmission était à la fois un aboutissement et une nécessité. Une décision mûrement réfléchie, portée par le souci de pérenniser un savoir-faire industriel unique et de préserver l’histoire familiale. Dans cette interview, il revient sur les enjeux de cette cession, le choix du repreneur et l’accompagnement déterminant de MBA Capital Paris et de Bertrand Dufay dans cette transition clé.
C’était une décision réfléchie, motivée par des raisons personnelles. J’ai consacré plus de deux décennies à ces entreprises, et j’ai compris qu’il était temps de passer la main avant que cela ne devienne une nécessité absolue. J’ai beaucoup donné, et je voulais m’assurer que l’entreprise poursuive son développement avec un repreneur compétent. L’idée était dans un coin de ma tête depuis deux ans. J’ai commencé avec mon notaire en septembre 2023, qui m’a recommandé plusieurs cabinets spécialisés. J’ai finalement signé avec MBA Capital Paris en décembre 2023. Le processus s’est vraiment enclenché en janvier 2024, et la cession s’est finalisée un an plus tard, presque jour pour jour après ma première rencontre avec Aymeric Géant, le repreneur.
C’était à la fois long et court. Long, parce que c’est une étape importante, émotionnellement et administrativement lourde. Court, car en réalité, trouver un repreneur solide et fiable en si peu de temps est une chance qui a également été la résultante d’un concours de circonstances. MBA Capital a su gérer efficacement chaque étape pour aboutir à une transmission réussie.
La société NOGENT***, spécialisée dans la coutellerie, GUILLOUARD, réputée pour ses accessoires de jardinage, sont des marques historiques. Mon père a repris ces entreprises en difficulté dans les années 1980, avec la volonté de préserver un savoir-faire industriel français. Il était ingénieur de formation, puis il a occupé le poste de secrétaire général de la société FORMICA, que vous connaissez sans doute. Il avait toujours rêvé d’être à son compte et de reprendre une entreprise industrielle. Finalement, en 1981, l’un de ses plans a été accepté, ce qui lui a permis de relancer GILLLOUARD et d’écrire une nouvelle page industrielle, avec succès. Très vite, mon père a souhaité avoir une force commerciale intégrée et non pas des multicartes.
Il fallait avoir un certain niveau de chiffre d’affaires pour amortir ce genre de frais fixes. Et donc très rapidement, mon père s’est mis à la recherche d’une autre société industrielle, à peu près dans le même domaine : arts de la table maison, jardin, traitement de surface, découpage, emboutissage, etc. En vous passant quelques épisodes, il a fini par reprendre la société NOGENT*** avec des points communs, mais pas que ! Et en particulier le fait que les deux entreprises étaient distantes de 635 kilomètres l’une de l’autre, ce qui n’était pas forcément le plus simple à gérer, les deux sociétés réalisant à peu près 30 % de leur chiffre d’affaires à l’export.
Notre histoire est donc étroitement liée à notre famille. Depuis, nous avons toujours eu à cœur de maintenir un niveau de production en France aussi élevé que possible. J’ai rejoint naturellement l’aventure en 2001 malgré quelques mises en garde émanant de mon père sur la difficulté de la mission de l’aventure industrielle, de la production française, de la gestion des multiples sociétés qui constituaient notre groupe. Mais rien n’aurait pu me décourager face à ma volonté de consolider cet héritage, tout en préservant un savoir-faire d’excellence !
À défaut d’avoir pu les développer davantage, j’ai réussi à les maintenir, ce qui est déjà une réussite dans l’industrie française. Pour NOGENT***, nous avons préservé plus de 99,5 % de la production en France, notamment dans notre usine en Haute-Marne. C’est un exploit en soi. Malheureusement, pour GUILLOUARD, nous avons été contraints de fermer l’usine de Nantes, ce qui a été une épreuve difficile. Nous avons cependant continué à produire certains articles en France chez nous ou en sous-traitance, les 80 % qui représentaient 20 % de CA. Nous avons cependant dû, à contre-cœur croyez-moi, externaliser une partie à l’étranger en raison de la disparition progressive des compétences industrielles locales.
Dans un tel contexte, à la fois affectif et business, trois points étaient essentiels pour moi. Tout d’abord, un bon relationnel : je ne pouvais pas m’imaginer travailler plusieurs mois aux côtés d’une personne avec qui je ne m’entendrais pas. Ensuite, je voulais quelqu’un qui respecte l’histoire de l’entreprise et ne cherche pas à tout démanteler (équipes, machines, etc.). Enfin, il était crucial que l’activité continue sur le long terme. 44 ans d’histoire familiale ne devaient et ne pouvaient pas être réduits à néant en deux ans.
Son profil était idéal face à mon « cahier des charges » personnel ! Il connaît bien le secteur des arts de la table et a une expérience solide en tant que dirigeant. Très vite, j’ai vu qu’il partageait nos valeurs et qu’il avait une vision stratégique cohérente. De plus, il n’avait pas cette approche purement financière qui m’aurait fait craindre une gestion à court terme. Pour l’anecdote, il avait déjà essayé de me contacter sans y parvenir. Les “étoiles” commençaient à s’aligner…
Contractuellement, l’accompagnement était prévu pour deux mois, mais très vite, nous avons convenu que trois semaines suffisaient. Aymeric Géant est un professionnel expérimenté, ancien directeur commercial dans les arts de la table et dirigeant d’entreprise. Il n’avait donc pas besoin que je lui apprenne son métier. Je continue cependant à répondre à ses questions, notamment par téléphone, pendant six mois afin d’assurer une transition fluide.
Je voulais tourner la page définitivement. Les formules de calcul d’un earn-out peuvent toujours être sujettes à discussion et à renégociation. J’ai préféré établir un montant clair dès le départ afin d’éviter toute incertitude et pouvoir me concentrer sur l’avenir après la transmission.
Céder une entreprise, c’est un métier en soi. Un expert-comptable ou un notaire peut aider, mais ce n’est pas son cœur de métier. MBA Capital a pris en charge toute la transaction, de la recherche d’acquéreurs aux négociations en passant par la structuration de l’offre et la gestion des audits. Son approche méthodique et son expertise ont été déterminantes, pour également gérer le fonds impliqué dans l’opération. Et grâce à la maitrise des enjeux et des différents cas de figure, la cession a été conclue en un an, un délai relativement court pour une opération de cette envergure.
La gestion du temps a été un vrai défi ! Être chef d’entreprise, c’est déjà un métier à plein temps. Ajouter à cela les multiples échanges avec les acquéreurs potentiels et les négociations, c’est intense. Parce qu’il faut bien voir qu’il y a dans ce genre d’opérations de nombreux allers-retours et discussions sur la base des chiffres et du bilan que vous présentez. Certains diront que « c’est le jeu », mais c’est du temps, de l’expertise pour conserver la tête froide et répondre dans son intérêt. Heureusement, MBA Capital a su absorber une grande partie de la charge de travail et me permettre de rester concentré sur la gestion quotidienne des structures, des projets, des commandes et des équipes.
Leur surprise a été grande, les cadres ont été les plus étonnés. Il faut dire que sur les 30 salariés restants, j’en avais embauché directement 25… Pour moi, il était primordial qu’ils aient une visibilité claire sur leur avenir avec le repreneur. Mais il faut se préparer à ce qu’aucun collaborateur ne réagisse de la même manière.
Je suis serein. L’entreprise entre dans une nouvelle phase avec Aymeric Géant, qui a un plan de développement solide axé sur l’innovation, l’internationalisation et la modernisation des outils industriels. Mon objectif était que NOGENT*** et GUILLOUARD prospèrent après mon départ. Aujourd’hui, je peux dire que cela va être le cas.
Être bien accompagné ! Une cession ne s’improvise pas. Il faut du temps, de la méthode et les bons partenaires. MBA Capital a joué un rôle clé dans cette réussite, et je recommande vivement à tout chef d’entreprise de s’entourer d’experts lorsqu’il s’engage dans un tel processus.
Mis à jour le 7 mars 2025
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